Environnement

Guy Coté passera les dernières années de sa vie à la sauvegarde du Mont Pinacle, une magnifique montagne située dans les cantons de l’Est convoitée par un promoteur immobilier qui veut y implanter un centre de ski et de villégiature. Il livrera un long combat juridique contre le promoteur qui poursuit Guy Coté personnellement. Hélène Leduc et Serge d’Amour ont été très actifs dans cette bataille. Ils expliquent ici le contexte du conflit.

1Pinacle

Nancy et Guy L. Coté achètent une propriété à Frelighsburg en 1977. Leur maison est située sur un grand terrain en bordure de la rivière aux Brochets. Un havre de paix… jusqu’à ce que, 10 ans plus tard, Guy Coté s’investisse dans la défense du mont Pinacle.

C’est l’époque de l’élaboration des schémas d’aménagement dans la municipalité régionale de comté (MRC) de Brome-Missisquoi. Des documents préparés par la MRC et diffusés à la population de Frelighsburg explorent une affectation Conservation pour le territoire du mont Pinacle.

La firme Desourdy inc., alors propriétaire de 1500 acres sur le flan nord de la montagne s’y oppose, alléguant qu’il s’agit là d’une expropriation déguisée et recommande un zonage Récréatif. Le conseil municipal demande à la MRC d’effectuer ce changement, alors que 119 résidants de la zone du Pinacle signent une pétition pour s’opposer à cette modification.

C’est à ce moment que Guy Coté se joint aux opposants.

Une première association voit le jour : l’Association des contribuables de Frelighsburg (ACF) suivie  plus tard par l’Association pour la Conservation du mont Pinacle (ACMP) dont le membership s’étend aux non-résidents. L’action s’engage : réunions, pétitions, demande de lettres d’appui, mémoires, communications dans les médias, etc.

Guy Coté y est très actif au sein du conseil d’administration de l’ACMP. C’est un organisateur hors pair!

Entre-temps, les terrains de la firme Desourdy inc. sont vendus à Sibeca qui dépose à la municipalité, en juin 1988, un projet  comprenant centre de ski et de golf et 350 unités d’habitation.

Suite à son acceptation de principe du projet, la municipalité demande à la MRC d’exclure 350 ha. de la zone agricole pour en permettre la réalisation.

La CPTA dézonera tout le territoire inclus dans la zone R (récréation), soit 800 ha.

L’ACF et quatre citoyens entament une procédure en nullité contre la MRC.

Ils seront déboutés en mai 1992. « On peut certes déplorer la soudaine volte-face de la MRC et les changements de dernière heure qui ont été apportés au schéma d’aménagement et souhaiter qu’une question aussi importante ait été traitée différemment » souligne toutefois la juge Lebel.

Malgré ce déboire, Guy Coté ne baisse pas les bras. Il met son expérience et son sens de l’organisation au service des associations pour la préparation des campagnes électorales afin de faire élire au conseil des personnes sensibles à la protection de l’environnement. Il surveille de près la progression du projet  Sibeca ce qui lui attire les foudres du promoteur, et en 1992, Sibeca intente une poursuite en libelle contre lui.

En janvier 1993, la municipalité soumet à un référendum les règlements donnant l’aval au projet Sibeca. Les règlements sont rejetés.

En novembre 1993, une nouvelle équipe est élue par acclamation au conseil municipal. Au mois d’avril suivant, ce Conseil dépose un nouveau plan d’urbanisme et règlements, lequel recommande, pour le Pinacle, un développement modéré et pour tout projet, un plan d’aménagement d’ensemble soumis à un référendum.

Le nouveau plan et règlements est accepté par la population.

Sibeca entame un recours en nullité de ces règlements ainsi qu’une action en dommage de 6 300 000$ contre la municipalité, le maire et quatre conseillers. La cause ira en appel et finalement, en 2002, la cour en viendra à la décision que le conseil n’a pas agi de mauvaise foi ou de manière discriminatoire, et que Sibeca n’avait pas de droits acquis. Entre-temps, Sibeca a vendu ses terrains et le projet ne s’est jamais réalisé.

Malheureusement, Guy n’a pu assister au revirement de la situation. En avril 1993, il subit un infarctus et, sur recommandation des médecins, il quitte la lutte active et s’envole pour un séjour de 7 mois en France en attendant l’audience du procès. Il rentre au pays en 1994 pour les interrogatoires qui ont lieu en juin et juillet. Un nouvel infarctus le terrasse l’automne suivant. Il meurt le 12 septembre 1994.

Et en octobre 1996, l’accusation de libelle est levée. Guy était certes un adversaire redoutable. Très intelligent et efficace, il ne laissait rien au hasard et il était foncièrement honnête et sans malice.

Les actions de Guy Coté pour la protection du Pinacle n’ont pas été vaines.

En 1991, la Fiducie foncière du mont Pinacle a vu le jour. Cet organisme se porte acquéreur d’un terrain dans la montagne grâce à des dons provenant, en majorité, de résidents de Frelighsburg. L’organisme est voué à la conservation de la nature dans la région du mont Pinacle. Il procède par acquisition de terrains et par la négociation d’ententes de conservation avec des propriétaires soucieux de protéger des milieux naturels pour les générations futures. La fiducie protège actuellement près de 1000 acres.

Guy Coté nous a appris que lorsqu’on estime une cause juste, il faut lutter avec acharnement pour obtenir gain de cause.

On lui doit une fière chandelle !

Hélène Doucet Leduc et Serge D’Amour

Octobre 2013

Photo : Philippe Tatartcheff

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