C’est à Ottawa que nait Guy L. Coté le 30 août 1925, fils ainé du sénateur Louis Coté et de Stella Cimon. Il y passe sa jeunesse jusqu’à ses études à l’Université d’Ottawa. De 1944 à 1947, il étudie la chimie-physique à l’Université Laval, puis il s’en va outremer – une bourse Rhodes [1] en poche – afin d’y poursuivre des études scientifiques à l’Université d’Oxford. Au cours de son séjour en Angleterre, il rencontre Nancy Mc Callum qu’il épousera avant son retour à Montréal en 1952 et qui lui donnera quatre enfants. Ce parcours d’Ontarien francophone, d’Ottawa à Oxford en passant par le Québec, le prédestinait, probablement bien plus que d’autres, à devenir un Canadien amoureux de son pays.
1947-1951
Oxford
À Oxford, Guy Coté profite pleinement des nombreuses activités extra-curriculaires de l’université, en particulier du club de ski et du ciné-club de l’Oxford University Film Society où il s’implique comme organisateur. L’un de ses collègues de l’époque se souvenait de lui comme étant « Mister Film » et « Mister Ski ». Guy découvre alors le cinéma comme jamais il n’aurait pu le faire au Québec. Parallèlement à ses études, il devient membre du comité de l’Experimental Film Group et également rédacteur en chef de la revue étudiante Isis pendant un trimestre. En 1949, il participe à la création d’un film étudiant sur le ski, Sestrieres 1949, dont il se verra confier le montage et la co-réalisation. Comme il le dit lui-même : « On voulait des photos de l’équipe de ski comme on prend des photos d’enfants… et c’est devenu un film ! » [2]. Il réalise ensuite, en 1952, le film expérimental sur la danse Between Two Worlds qui sera en quelque sorte le coup d’envoi de sa carrière. Il abandonne alors ses études scientifiques dans le but de se consacrer entièrement au cinéma.
1952-1960
L’Onf
Dans le cadre de ses activités cinématographiques à Oxford, Guy Coté rencontre James Beveridge, qui dirige alors le bureau européen de l’Office national du film (Onf) situé à Londres. Sur la recommandation de Beveridge, il obtient un emploi à l’Onf à Ottawa en 1952 avant même de quitter l’Angleterre.
Lorsqu’il fait ses débuts à l’Office, sept années se sont écoulées depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale et le départ de John Grierson [3]. Coté arrive au Canada alors qu’à l’Onf des modifications structurelles importantes viennent d’être mises en place, menant à la loi révisée en 1950 et selon laquelle : « L’Office est établi pour entreprendre en premier lieu et favoriser la production et la distribution de films dans l’intérêt national et notamment pour produire et distribuer des films destinés à faire connaître et comprendre le Canada aux Canadiens et aux autres nations. » [4] Ce mandat correspond précisément aux aspirations de Guy Coté et plusieurs projets qu’il présente et réalise à l’Onf au cours de sa carrière y répondent tout à fait.
Après avoir été assistant à la réalisation du tournage du film Shyness de Stanley Jackson, il réalise son premier film, Winter in Canada – L’hiver au Canada, en 1953, puis il est envoyé à Londres à titre de représentant européen de l’Onf dans la division de la distribution.
À son retour au Canada en 1955, il tourne Grain Handling in Canada – Manutention des grains au Canada. L’Onf déménage alors d’Ottawa à Montréal en 1956 et Coté s’y installe rue Vanier à Ville St-Laurent, avec Nancy et ses deux premiers enfants, Jean-Louis et Jacqueline nés en Angleterre.
Lorsque le cinéma direct apparaît et alors que plusieurs cinéastes anglophones et francophones rêvent déjà de faire de la fiction, Guy Coté, bien que sensible à ces aspirations, continue pour sa part à tourner des documentaires dont Industrial Canada – Le Canada industriel (1958) puis quatre autres dans le cadre de la série « Géographie humaine » : Railroaders – Les Cheminots (1958), Fishermen – Les Pêcheurs (1959), Roughnecks : The Story of Oil Drillers – Les Maîtres-sondeurs (1960) et Cattle Ranch – Têtes blanches (1961). Plusieurs de ces films seront d’ailleurs primés dans de nombreux festivals.
De par son esprit scientifique, la priorité de Guy Coté au début de sa carrière de cinéaste était d’apporter un éclairage technique et rigoureux sur les sujets qu’il traitait dans ses documentaires. Ceci explique certainement le commentaire mitigé de Pierre Pageau [5] en 1968 : « Depuis Le Canada industriel (1957) jusqu’à Regards sur l’occultisme (1965), les films de Guy L. Coté se caractérisent par leur souci de clarté, parfois de simplicité, toujours par leur didactisme très oneffien… Guy Coté est certainement l’un des techniciens les plus compétents du cinéma canadien : l’ensemble de la narration (le commentaire, le montage, etc.) est toujours admirable de précision, de clarté, mais vide de chaleur. » [6]
Dès son retour au Canada en 1952, il démontre ses talents d’organisateur en lançant le Canadian Newsreel, un bulletin de liaison pour les ciné-clubs canadiens. En 1954, il fonde la Fédération canadienne des ciné-clubs [7], avec Dorothy Burritt, alors présidente de la Toronto Film Society. Pendant ces années au sein de la Fédération, Guy Coté acquiert une grande expérience dans la programmation de rétrospectives. Il s’implique de façon informelle à l’Institut canadien du film afin de tenter d’élaborer une première politique de conservation des archives (dès 1955). En effet, parallèlement, Guy Coté accumule lui-même un nombre considérable d’objets et de livres liés au cinéma et son intérêt pour la gestion des archives ne cesse de s’accroître. Dix ans plus tard, dans une lettre à Henri Langlois [8], le 26 juillet 1964, Guy Coté justifie ainsi son intérêt de collectionneur : « C’est intéressant, faire une collection de livres. Mais pourquoi en faire une comme je l’ai faite? Parce que c’était nécessaire. Parce que la Cinémathèque en aurait besoin un jour, et que si je ne le faisais pas, il serait trop tard plus tard. J’ai dépensé une fortune à faire cette bibliothèque. Elle ira, un jour, à la Cinémathèque, à une Cinémathèque ». Il avait déjà publié quelques textes sur ce sujet dans les années 50, proposant même la création d’une cinémathèque canadienne et ce,dans un mémoire présenté au gouvernement en 1954. Ce double intérêt pour la programmation et les archives rend presque naturelle son implication dans le Festival du film de Montréal et la fondation de Connaissance du cinéma.
1960-1968
FIFM
Les années 60 sont très mouvementées socialement et politiquement au Québec. Entre l’élection de Jean Lesage avec son « équipe du tonnerre » le 22 juin 1960 et la naissance du Parti québécois le 14 octobre 1968, beaucoup d’espoirs sont permis au cours de la Révolution tranquille, notamment au plan culturel.
Pour Guy Coté, ce sont des années très prospères. Outre ses créations cinématographiques à l’Onf et la naissance d’Isabelle et Natalie, Guy Coté est très impliqué au sein de trois institutions naissantes, toutes reliées entre elles par les mêmes réseaux : le Festival international du film de Montréal (FIFM), l’Association professionnelle des cinéastes (APC) et Connaissance du cinéma.
Le FIFM est fondé en 1960 par Pierre Juneau et Fernand Cadieux. Les deux cinéphiles – tout comme Rock Demers, Marc Lalonde et Germain Cadieux – se connaissaient déjà par le biais du réseau de la Jeunesse étudiante catholique (JÉC) et ses réseaux de ciné-clubs. Fernand Cadieux était un sociologue touche-à-tout, ami de Gérard Pelletier, de Pierre Juneau et de Pierre Elliott Trudeau. Cadieux est un penseur fédéraliste très actif dans la JÉC puis en politique (proche du Parti libéral) et dans le milieu du cinéma tout au long des années 50 et 60. En 1960, Pierre Juneau est secrétaire du conseil d’administration et directeur exécutif chargé des questions francophones à l’Onf. Guy Coté, qui n’a jamais fait partie de la JÉC, avait été recruté par Pierre Juneau, son patron à l’Onf, qui connaissait ses talents de programmateur à la Fédération canadienne des ciné-clubs. De 1960 à 1968, Guy L. Coté participe sans relâche aux réunions régulières du Conseil d’administration et du Comité organisateur du FIFM, au même titre que, un peu plus tard, Rock Demers et Robert Daudelin. Le huitième et dernier festival du film a lieu lors de cet événement culminant qu’est l’Expo 67. À cette occasion, Guy L. Coté est organisateur avec le Français André Martin [9] de l’Exposition internationale du cinéma d’animation. [10]
Au printemps 1968 – à l’aube des manifestations de mai 68 – le Festival se disloque suite à des tensions entre les fondateurs fédéralistes et les cinéastes révolutionnaires qui exercent des pressions en exigeant un festival plus populaire, moins élitiste dans son organisation comme dans sa sélection de films. Rock Demers avait déjà quitté l’organisation en 1967 pour se consacrer à la production de films. Robert Daudelin démissionne à son tour au printemps 1968, pour se joindre au mouvement des cinéastes. Suite aux propositions inacceptables et aux menaces de boycott des réalisateurs, le comité administratif décide de cesser définitivement les activités du festival.
Concernant la naissance du festival et ses objectifs, Guy Coté s’explique ainsi dans une entrevue accordée en 1992 : « Dans mon cas, et vu mon background de Franco-Ontarien qui avait connu l’Europe, c’était clair qu’on ne pouvait construire un Québec ayant un peu d’allure dans la situation que nous connaissions. Il fallait casser la censure. Ouvrir les portes. Il fallait à l’évidence quelque chose de très fort pour y arriver. Et le festival me semblait l’instrument idéal pour ce faire. » [11]
Quant à la disparition du festival, il conclut dans la même entrevue : « J’aurais été amer si la Cinémathèque, plutôt que le Festival, avait cessé toute activité! On peut se priver d’un festival; on ne peut pas se passer de la Cinémathèque. On a besoin de sa stabilité. À partir de 1968, le monde cinématographique était constitué et on pouvait se passer du Festival. Il n’y a pas d’amertume. Le bilan était positif et les objectifs que nous avions définis en 1959 avaient été atteints. »
Connaissance du cinéma
Quelques années plus tôt, en 1962, la Fédération canadienne des ciné-clubs est très active et forme un comité, notamment avec la participation des critiques, pour préparer un document sur la censure. Ce comité intervient devant la commission Parent, notamment au sujet de l’éducation cinématographique, et soumet un rapport au Procureur général de la province. Au sujet des ciné-clubs, «… le Comité estime que cette formule est appelée à disparaître pour être remplacée par une autre forme d’organisation. Joignant le geste à l’intention, le Comité crée à l’automne 1962 Connaissance du cinéma. » [12] Guy L. Coté en est son président fondateur. La nouvelle institution reçoit ses lettres patentes le 18 avril 1963. Bien que le nom de « Cinémathèque canadienne » leur appartienne en droit, on assiste à une période de flottement concernant l’identité de l’institution. Dès le 7 juin 1963, le secrétaire-général de la Fédération Internationale des Archives du Film (FIAF), Jacques Ledoux, propose, qu’au lieu d’appeler l’organisation « Connaissance du cinéma », on pourrait l’appeler Cinémathèque canadienne ou Musée du cinéma canadien. Ce n’est qu’en février 1964 que l’exécutif de Connaissance du cinéma décide de porter officiellement le nom de la Cinémathèque canadienne, changement qui deviendra légal en juillet.
L’Association professionnelle des cinéastes
Déjà mobilisé par toutes ces activités et l’organisation de la Semaine Jean Renoir par Connaissance du cinéma (qui a lieu en octobre 1963), Guy L. Coté s’implique également dans la fondation de l’Association professionnelle des cinéastes (APC) en 1963. Le premier président de l’APC est Claude Jutra, Guy Coté en sera le deuxième, du printemps 1964 à 1965. À ses débuts, l’association regroupe de nombreux cinéastes de l’Onf mais aussi des gens du milieu qui ne sont pas réalisateurs ou issus d’autres millieux, notamment de la télévision de Radio-Canada. L’APC veut faire reconnaître le cinéma québécois comme un art et obtenir un soutien structuré de la part du gouvernement. À l’époque où Guy Coté est président de l’APC, il participe au moyen métrage pour la télévision Ciné-Boom, où sont précisément exprimées leurs revendications. Ce documentaire est réalisé pour la CBC par Claude Jutra et Robert Russel.
Guy Coté tourne encore deux courts métrages, Kindergarten (1962) et An Essay on Science (1964) ainsi que deux films sur les phénomènes paranormaux qu’il réalise en 1965, Regards sur l’occultisme : Magie et miracles (partie I) et Science et esprits (partie II). Il participe de près à la vague de films de fiction et de documentaires français à titre de producteur à l’Onf. Il produit notamment Le Grand Rock (1967) de Raymond Garceau, Le Règne du jour (1967), Les Voitures d’eau (1969) et Un pays sans bon sens ! (1970) de Pierre Perrault, De Mère en fille (1968) d’Anne Claire Poirier, Nominingue… depuis qu’il existe (1968) de Jacques Leduc, Où êtes-vous donc? (1969) de Gilles Groulx et L’Acadie, l’Acadie?!? (1972) de Michel Brault et Pierre Perrault.
1969-1976
Entre 1964 et 1968, le Québec a rapidement évolué et il continue sur cette lancée comme en témoigne la disparition rapide du festival du film.
À la Cinémathèque les choses changent aussi rapidement. Plusieurs membres du conseil veulent centrer les activités de l’institution autour des intérêts du Québec et renommer la Cinémathèque canadienne par Cinémathèque québécoise. Guy Coté qui s’y oppose depuis toujours décide en 1968 de ne pas se représenter à la présidence. En octobre 1970, la Cinémathèque prend officiellement possession de la bibliothèque Coté tel que prévu par contrat. En 1971, l’institution décide de changer son nom pour Cinémathèque québécoise. Finalement en 1972, Robert Daudelin en devient le nouveau directeur et conservateur, confirmant, en quelque sorte, le triomphe de la jeunesse gauchisante et séparatiste – comme ce fut le cas dans bien d’autres institutions à cette époque. Daudelin demeurera à la direction de la Cinémathèque pendant 30 ans.
En moins de cinq ans, Guy Coté voit donc son implication se réduire ou disparaître dans l’APC, le FIFM et la Cinémathèque. Ceci lui permet de revenir en force à la réalisation de films et se consacrer à ses multiples autres intérêts y compris ses collections de timbres et de cartes à jouer.
En mai 1970, la famille Coté est victime d’un tragique accident de voiture où Guy échappe à la mort de justesse de même que Nancy et trois de ses enfants. Cet événement aura un impact significatif sur sa vie et, à partir de ce moment, Guy décidera de s’impliquer plus étroitement dans sa vie familiale.
Au début des années 70, Guy et Nancy sont membres d’une communauté de base. Ceci incite Guy à tourner Tranquillement pas vite en 1972, un documentaire retraçant la désagrégation et la mutation rapides de la religion catholique au Québec et présentant huit mois d’une expérience originale de reconstruction religieuse à travers cette communauté de base. Ce film a eu un impact considérable auprès de nombreux croyants (lire le témoignage de Jean-Robert Derome et Pierre Feuvrier). Dans la foulée, Guy réalise également Les deux côtés de la médaille (1974) filmé en Bolivie.
Proche de la cinquantaine, Guy Coté s’intéresse aux questions du vieillissement. Son amitié avec Hubert de Ravinel, responsable à Montréal des petits frères des Pauvres amène Guy à se pencher sur les problématiques qui entourent la vieillesse. Il organise avec Hubert et Paul Larose de l’Onf une semaine intitulée « L’Âge et la vie » dans le but de sensibiliser le public au vieillissement et à l’importance de bien préparer sa retraite. Outre les conférences et les débats sur ce thème, L’Âge et la vie présente un festival pour lequel Guy réalise une série de films : Monsieur Journault (1976), Les Vieux amis (1976), Rose et Monsieur Charbonneau (1976) et Blanche et Claire (1976).
De 1975 à 1978, il est président du Syndicat général du cinéma et de la télévision, section Onf. Il se battra d’ailleurs pour que les « false free-lancers » [13] obtiennent les mêmes conditions de travail que les employés permanents réguliers.
En 1979, Guy réalise ses derniers documentaires. Ce sont trois films pour l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) : Dominga (Bolivie), Azzel (Niger) et Marastoon (Afghanistan).
1977-1987
Sociologie
En 1977, Guy et Nancy décident de revenir aux études en sociologie, une discipline qui rejoint leurs intérêts communs. Ils suivent des cours du soir à l’Université Concordia à Montréal pendant trois ans afin de préparer leur demande d’admission à un programme de maîtrise à l’Université d’Oxford. Ils sont tous deux admis au même collège, là même où Guy avait étudié la chimie trente ans plus tôt. Guy prend alors un congé sabbatique de l’Onf pour se consacrer aux études à temps plein. En 1982, ils obtiennent finalement leur diplôme. De retour à Montréal, Guy décide de poursuivre ses études en mobilité sociale et obtient son doctorat de l’Université d’Oxford en 1983.
Parallèlement, Guy Coté poursuit son travail à l’Onf à titre de chef de programme au Studio D de la production française. En 1987, dans le cadre d’une politique de l’Onf qui désire offrir aux cinéastes permanents la possibilité de prendre une retraite anticipée, il quitte l’Onf après 34 ans de services et, riche de son nouveau doctorat, propose ses services à Statistiques Canada. Il y effectuera plusieurs études liées à sa spécialité.
1987-1994
Mont Pinacle
Depuis 1977, la famille Coté possède une résidence secondaire à Frelighsburg, dans les Cantons de l’Est. Guy se découvre alors de nouveaux intérêts. Il s’implique dans la région comme administrateur et vice-président de la Société d’histoire de Missisquoi (Stanbrige East), de 1986 à 1989 et il écrit une série d’articles portant sur l’histoire de la région qu’il publie dans le journal La Voix de l’Est.
La propriété de la famille Coté est près du Mont Pinacle, une magnifique montagne convoitée par un promoteur immobilier qui veut y implanter un centre de ski et de villégiature. Environnementaliste dans l’âme et soucieux de préserver le caractère rural de la région, Guy Coté cofonde et devient vice-président de l’Association pour la conservation du Mont Pinacle. Il livrera un long combat juridique contre le promoteur qui le poursuit personnellement de même que la municipalité de Frelighsburg et certains de ses conseillers.
Guy s’investit également à titre de trésorier de la Réserve de la biosphère du Lac Champlain / Massif des monts Sutton (1991-1992) et devient vice-président des Parcs et espaces naturels, Union québécoise pour la conservation de la nature (1991-1993).
Au printemps 1993, lors d’un voyage chez sa fille Jacqueline en Suisse, Guy Coté est victime d’une crise cardiaque. Il doit dorénavant éviter le stress causé par la poursuite judicaire liée au Mont Pinacle. Guy et Nancy partent alors à Tourtour en Provence dans le sud de la France pendant sept mois. De retour au pays, Guy doit se préparer au procès dont les audiences doivent débuter incessamment. Peu de temps après, à la fin du mois d’août 1994, il est à nouveau foudroyé par une crise cardiaque qui le plongera dans un coma dont il ne réveillera pas. Son décès sera déclaré le 6 septembre 1994. Il a 69 ans.
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Guy Coté était un homme doué d’un esprit scientifique, fier d’être Canadien, un homme de famille, croyant, infatigable, désireux de comprendre la société, indépendant face aux modes ambiantes, critique mais toujours animé par un désir de construire dans la continuité, rarement partisan de la table rase et des ruptures. Qu’il soit question de religion, de politique, de culture ou d’art, Guy Coté n’était jamais du côté des lyriques, des révolutionnaires et des séparatistes mais plutôt partisan de la modération, de la tolérance et du fédéralisme. Georges Dufaux lui écrit en 1986 : « … ce que j’ai toujours admiré chez toi, c’est ton indépendance face aux modes et aux courants d’idées du moment. On sait combien notre société québécoise a jusqu’à récemment toujours été une et indivisible. Toi, tu étais catholique pratiquant quand tout notre monde se croyait agnostique, et fédéraliste quand on se devait d’être séparatiste! » [14]
Son indépendance d’esprit, son altruisme et sa générosité discrète expliquent en partie la modeste place qu’il a occupé jusqu’à maintenant dans la mémoire collective. Qu’à cela ne tienne, pendant plus de trois décennies, Guy L. Coté aura influencé et attiré un grand nombre de personnes en partageant sans relâche sa passion pour le cinéma, la sociologie et l’environnement.
Rédigé par Antoine Godin, historien en collaboration avec la famille Coté.
Références :
[1] Bourse créée à la demande de l’homme d’affaires et politicien britannique Cecil John Rhodes (1853-1902). Elle permet à ses bénéficiaires d’étudier gratuitement à l’université d’Oxford pendant une, deux ou trois années.
[2] Citation de Guy Coté, Evening Standard, 29 mars 1951.
[3] John Grierson, 1898-1972, producteur, administrateur et réalisateur écossais. À la veille de la Deuxième Guerre mondiale, il recommande au gouvernement canadien la création de l’Office national du film dont il est le premier commissaire. Il quitte ce poste en 1945 et retourne en Angleterre.
[4] Loi relative à l’Office national du film, paragraphe 9.
[5] Pierre Pageau a enseigné le cinéma au cégep Ahuntsic pendant plusieurs années. Il a notamment publié Chronologie du cinéma au Québec avec son collègue Yves Lever.
[6] Le Cinéma québécois : tendances et prolongements, Les Éditions Sainte-Marie, 1968. p. 95
[7] Sur les liens entre la Fédération, l’Institut canadien du film, l’Onf et les festivals de films, lire l’article éclairant Enseignement du cinéma dans l’Encyclopédie canadienne à http://www.thecanadianencyclopedia.com/fr/article/film-education
[8] Henri Langlois, 1914-1977. Il est l’un des fondateurs de la Cinémathèque française en 1936. En 1964, il en est toujours le directeur.
[9] André Martin, journaliste, critique, chercheur et réalisateur de films d’animation (1925-1994). En 1966, il est à Montréal pour réaliser La télévision est là ! et Image que me veux-tu ? à l’Onf. Ses écrits ont été publiés en 2000 dans André Martin, écrits sur l’animation par Bernard Clarens.
[10] Pour plus de détails sur le rôle de Guy L. Coté dans la place qu’occupe actuellement l’animation à la Cinémathèque québécoise, lire l’article Présence et pérennité de l’animation à la Cinémathèque québécoise de Marco De Blois http://www.readperiodicals.com/201004/2065696301.html
[11] « Anatomie d’un festival », La Revue de la Cinémathèque, Propos recueillis par Robert Daudelin, juillet-août 1992, pp. 8-12.
[12] Cinémathèque québécoise, 25 ans, sous la direction de Francine Allaire et Pierre Véronneau, p. 9.
[13] « Faux travailleur autonome », un travailleur autonome qui a les responsabilités d’un employé permanent sans avoir les mêmes avantages.
[14] Georges Dufaux était le directeur de l’équipe française de l’Onf de 1986 à
1989. Le 2 avril 1986, il écrit une lettre à Guy L. Coté à l’occasion de sa retraite, après 34 ans au service de l’Onf.